Poème d'amour mwotlap
Lē tēynin
Ninini tig tō lē tēynin
Ba nitiy eh namuk anen
Van ēgē me, tile qelen̄
'Nakis wongē' bahnegi en

Littéralement:
Ton reflet debout sur la vitre
C'est là mon véritable chant
Viens vite, il pourrait disparaître
'Ton visage est mien' — le dernier
NB: Lē tēynin = "sur la vitre", nētēynin = "la vitre / le miroir"
"ton visage est mien" (nakis wongē) est une manière de dire "je t'aime" en mwotlap

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Le mwotlap
Un grand merci à Alexandre François (linguiste au CNRS), pour cette traduction de mon poème en mwotlap (motlav, motalava, mwotlav, autonyme: m̄otlap).
Le mwotlap qui est la langue de plus de 2 000 personnes, est l'une des 500 langues océaniennes, et plus précisément, une langue mélanésienne qui fait partie du groupe des langues du nord et du centre du Vanuatu.
Même si son nombre de locuteurs n'est pas très élevé, c'est une langue vigoureuse, et c'est justement Alexandre François, qui le premier l’a décrite en détail. On lui doit un dictionnaire et de nombreuses descriptions.
Le motlav parlé dans les îles Banks (province de Torba) au nord du Vanuatu, dans la petite île de Mota Lava (Mwotlap, Motalava, Motlav, autonyme: M̄otlap), compte aussi des locuteurs expatriés dans les grandes villes du Vanuatu.
Il faut noter que si Torba est la province la plus pauvre, et la moins habitée du Vanuatu, c'est Mota Lava, l'endroit le plus dynamique de toute la province, à tous points de vue.
Les habitants de Mota Lava, qui sont des ruraux, sont tous bilingues avec le bichelamar. Très très peu parlent le français ou l'anglais, deux langues qui sont d'avantage l'apanage de "l'élite".
En 1860, les pasteurs anglicans, choisirent la langue de l'île de Mota pour évangéliser les îles alentours, dont celle de Mwotlap. Il étudièrent alors le mota, en constituèrent un dictionnaire, et celui-ci devint une langue importante dans la région.
Pourtant après la deuxième guerre mondiale le bislama remisa le mota à son île de départ et petit à petit c'est la langue de Mota Lava, le mwotlap avec le bislama qui est la langue véhiculaire dans les îles Banks.
Vous trouverez les mots volow, valuwa et dagmel en lien avec la langue, ils font tous les trois référence à d'autres langues de Motalava vraisemblablement des dialectes du motlav qui sont aujourd'hui disparus.

"La danse du Serpent de mer (île Motalava, Vanuatu, août 2007 – photo A.F.)"
Le Vanuatu et Mota Lava
Le Vanuatu s'est constitué dans l'Océan Pacifique au prix d'éruptions volcaniques et des séismes.
Son peuplement s'est fait il y a environ 1 500 ans, c'est à dire, au milieu des migrations austronésiennes (qui commencèrent il y a 3 000 ans), de populations asiatiques, amenant avec elle un proto-océanien.
Ces migrations à travers tout l'Océan Pacifique, font des langues austronésiennes la famille linguistique la plus étendue au monde.
Au Vanuatu, les reliefs montagneux et l'Océan, n'ont pas empêché les relations entre les différents groupes, qui ont toujours échangés par le commerce et sa résultante les mariages. Et au final le principal distinguo entre ces groupes reste leur langue, et au Vanuatu on en compte plus d'une centaine.
Mota Lava est une toute petite île volcanique d'à peine 25km². Aujourd'hui c'est surtout à son extrémité ouest, dans les villages de Lahlap, Toglag et Qêgm̄agde, que se trouve sa population. De l'autre coté les villages de Vôlôw et Telvêt, sont moins peuplés.
Si les Mwotlaviens pêchent, chassent et cueillent, ils vivent essentiellement de l'agriculture (igname, manioc, taro, noix de coco (coprah), kava, litchi, mangue).